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Messages : 145 Date d'inscription : 30/08/2024
| Dim 1 Sep 2024 - 15:13 | |
Enfance brutale et difficile, apprenant à la dure le besoin de survivre, l'adrénaline des combats et l'esprit de meute, de groupe. Ylva et Auria grandissent ensemble, l'une devenant guerrière de sa tribu tandis que l'autre s'attèle à suivre les traces de son père guérisseur.
L'amitié se crée, et se maintient avec l'âge, les aventures et les années qui découlent. Viendra même à s'intensifier, créant dans la grande famille qu'est déjà la tribu un lien de famille encore plus important que le reste.
Deux sœurs, au destin se liant par la force des choses, par la force de leurs progrès communs, des épreuves qu'elles endurent et traversent, de leur irréductible envie de rentrer en vie, mais surtout par la force de survivre dans le seul but de retrouver l'autre.
L'adolescence les frappe, faisant de chacune d'elles de belles et jolies jeunes femmes prêtes à faire chavirer les cœurs des plus rudes. Des cœurs qui chavirent sans qu'elles ne s'en intéressent, bien trop occupées et aveuglées par leur âme sœur.
Un statut d'âme sœur qui sera remis en cause lors du dix-septième été de Ylva. Une chasse infructueuse et une rencontre inattendue avec un groupe d'orcs en perdition dans la région qui balaieront les forces tribales en présence, essuyant des pertes tout de même colossales sans que finalement aucun ne soit déclaré gagnant de cette rixe.
Tirant ses dernières maigres forces du peu de souffle de vie qui émane encore en elle, Ylva retrouvera les siens dans un état pitoyable, à rien d'une mort brutale sévère. Une mort qui sera éloignée par les soins d'Auria qui viendra passer le plus énorme des savons à Ylva une fois réveillée, sans même vérifier qu'elle ait la capacité d'entendre.
Un savon énorme, des pleurs, des bras secoués et finalement, des mots.
Rien que des mots simples. Et pourtant lourd de sentiments. Lourds d'importance, d'intensité. Brûlants.
Des mots sur les âmes-sœurs qu'elles sont l'une pour l'autre, sur ce besoin inconditionnel d'être toujours ensemble, cette envie impérieuse de rendre l'autre heureuse.
Sur cette déchirure de l'âme qu'est son arrivée aux portes de la mort. Quelques mots, implicites de la mort que se serait donnée Auria après celle de Ylva pour ne jamais être séparées.
Puis finalement des mots de tendresses, des mots d'affections qui donnent naissance à une nouvelle graine dans leur relation ; celle de l'amour, celle de l'union sans limite et sans barrière. Une relation qui sera majoritairement bien accueillie dans la tribu, laissant les moins ouverts d'esprits et les jaloux marmonner dans leur barbe.
Mais comme l'aura dit la grand-mère d'Ylva lors de l'annonce officielle à toute la tribu, " Vous êtes déjà depuis toutes petites réservés l'une à l'autre, car rien ni personne en ce monde ne peut vous offrir ce que vous vous apportez."
7 ans s'écoulent dès lors, offrant aux deux jeunes femmes le plaisir de découvrir des facettes de l'amour qu'elles n'avaient jamais connu auparavant, explicitant mieux leurs envies irrépressibles, leurs besoins de chacune et les sentiments qui s’en découlent.
7 ans de pur bonheur, redécouvrant chacune leur moitié d’un nouvel œil, s’offrant des temps de tendresses loin d’une tribu qu’elles affectionnent toujours un peu plus chaque jour. Elles jouissent de leur liberté, se permettant de disparaître une fois tous les six mois pendant quelques jours pour se recroqueviller sur leur petit monde, n’avoir d’yeux qu’entre elles et se laisser aller à toutes leurs envies et requêtes du corps ainsi que de l’esprit.
Le temps avance paisiblement, et c’est bien irrémédiablement que ceux de leur génération se mettent à procréer petit à petit, acte naturel et doux qui leur est interdit par cette même nature. Ylva le vit très mal, se retournant l’estomac de voir qu’elle ne pourra jamais s’offrir avec Auria de donner la vie à un petit chérubin.
Une dépression que sa partenaire s’efforce de combler par sa présence, par son amour mais rien n’y fait. Ylva devient moins éclatante, plus vide et ses absences sont récurrentes à la vision des nouveau-nés. S’absente aussi physiquement du village, préférant s’isoler et pleurer sans qu’on ne la remarque.
Sauf sa belle. Sauf celle qui partage ses nuits, ses jours et plus simplement sa vie avec elle. Elle se ronge de l’intérieur, se maudissant d’être naturellement incompatible sans forcément se dire que c’était clairement prévisible.
L’une se laisse mourir à petit feu, et l’autre s’empoisonne le cœur de culpabilité.
Une période sombre qui n’a de fin que lors qu’elles s’éclipsent de la tribu, disparaissant ensemble pour retrouver un peu de complicité. Ylva s’est effacée, ne réagissant plus à grand-chose d’extérieur. Même les caresses et la tendresse abondantes de sa moitié n’ont d’effet que de la faire se recroqueviller un peu plus sur Auria.
Auria qui prend finalement la parole, venant tirer doucement sa partenaire de ses pensées moroses, de son esprit embrumé pour lui offrir une porte de sortie. Un quelque chose sur lequel elle travaille d’arrache-pied depuis que l’autre se meure passivement.
Une concoction d’herbes. Couplée à une magie ancienne et difficile à mettre en place. Qui l’espace d’une nuit, les affranchissent de cet interdit naturel.
Les traits d’Auria se métamorphosent, se tirant de façon masculine tandis que son corps opère de drastiques changements à la suite de l’ingurgitation de cette potion.
Ylva se réveille de sa passivité, observant l’inimaginable devant elle. Sa douce transformée en doux ; ses traits reconnaissables entre milles et pourtant, un corps qu’elle reconnaît sans le reconnaître.
Plus de mots. Rien d’autre que des pulsions charnelles que vient provoquer Auria expressément, énivrant sa douce des mêmes caresses, des mêmes attentions mais cette fois-ci dans un but commun. Très longue nuit de douceur, d’intensité et de retrouvailles.
Puis un lendemain particulier. Auria n’est qu’Auria, douce et féminine pourtant la nuit semble avoir belle et bien été consommée. Aucun retour sur cet étrange événement, néanmoins verbal car au retour, c’est bien un sourire qu’arbore Ylva et Auria, se tenant mains dans la main avec fougue.
La vie reprend son cours et le temps passe de nouveau. Petit à petit, le ventre de Ylva se grossit et plus le temps avance, plus il est difficile de le cacher. C’est finalement après l’annonce d’une nouvelle union dans la tribu que les deux âmes-sœurs viennent faire la leur.
Les plus sages et avisés l’avait déjà remarqué, mais c’est une nouvelle qui surprend énormément les autres habitants de la tribu, laissant finalement place à une grande liesse générale ainsi qu’à la simple et légitime question de comment. Et c’est toujours à la grand-mère d’Ylva d’ajouter quelques mots « Gamin. Ne sous-estime jamais l’amour d’un être à son prochain et encore moins les pouvoirs d’un shaman. »
Vient naître quelques étés plus tard le petit Palantir, être de chair et de sang dont l’origine semble vraiment portée affront à la nature pour la simple et bonne raison que le petit né elfe. Elfe totalement, à l’instar de ses deux parents demi-elfes.
Questionnement sur lequel les sages et le conseil de la tribu n’auront malheureusement aucunes réponses autre que d’élever cet enfant comme n’importe quel autre enfant de la tribu, et insistant bien sur le fait que les surprises des deux femmes n’ont vraisemblablement pas de fin.
25 ans et un enfant, devenant le centre d’attention de la vie des deux jeunes femmes. Un nouveau bonheur, une nouvelle ère d’amour et de tendresse. Le petit est choyé, bercé par les contes et légendes des elfes, des humains ainsi que de leurs traditions.
Bagarreur et réfléchi, il est l’exact moitié de chacune de ses mères et s’adonne à les suivre toutes deux dans leurs vies de tous les jours, apprenant à blesser et soigner, apprenant à tuer et sauver.
Mélange parfait d’un elfe brillant en devenir, jusqu’à ce fameux jour. Ce funèbre jour où l’on enterre la grand-mère d’Ylva. Une perte monumentale pour la tribu, mais dont les obsèques sont interrompues par l’arrivée d’une silhouette inconnue dans le village.
« Vous avez osé défier les dieux et la Nature en faisant acte d’hérésie. Il existe un mal en ce lieu que je dois effacer, rétablir l’ordre, détruire l’erreur. »
Un combat éclate, laissant les guerriers protéger les leurs tandis que les autres s’enfuient avec les enfants.
Un combat inégal dès lors le premier coup échangé, faisant voler à la fois l’épée et la tête du barbare. Et rapidement, les combattants s’effondrent un par un.
Ylva se défend vaillamment, ne cherchant qu’un moyen de gagner du temps sans encaisser de coups mais finalement elle commet une erreur et sera projetée au loin, son bras sectionné en deux et inconsciente.
La silhouette s’approche du reste de la tribu et viendra s’assurer de ne laisser en vie que Auria, et Palantir.
« Tu n’aurais jamais dû voir le jour. Ton existence est une aberration sans nom et les dieux demandent aujourd’hui que cette erreur soit corrigée. »
Auria est projetée contre le mur, tandis qu'impuissante elle observe l'inconnu venir apposer sa main sur le front de son fils. Quelques secondes d'hébétements, observant une scène qu'elle ne conçoit pas puis plus rien. Le vide. Rien que le vide au bout de la main du funèbre meurtrier qui range son épée dans les pans de sa cape avant de tourner talon et prendre la direction par laquelle il était venu.
La silhouette disparait dans le vent neigeux, tandis qu’Auria se relève doucement à la recherche de survivants. Ne reste que sa douce en pleine hémorragie qu’elle vient soigner et à laquelle elle referme magiquement la blessure du bras. Suture magique, mais qui reste douloureuse pour la barbare qui ne se réveillera que bien plus tard.
Assez tard pour laisser son esprit virevolté dans ses pensées, assez tard pour entrer en transe avec le monde autour d’elle. Et finalement non, pas dans le monde autour d’elle mais avec son passé. Ses passés.
Une transe douloureuse, difficile et peu agréable mais qui débouche sur des souvenirs, des bribes de mémoires ainsi que des réminiscences.
Sa dernière incarnation était celle d’un elfe, dont le destin semblait intrinsèquement lié à celui d’une autre elfe dont la pureté et les traits ne lui rappelait qu’une seule et unique personne ; Auria.
L’avant dernière aussi ainsi que toutes celles qui finalement précèdent.
Qu’importe le temps et/ou l’espace où elles se trouvaient, elles se sont toujours retrouvées, comme si liées par quelque chose de plus fort encore que le destin lui-même.
Puis s’ensuit d’autres visions, d’autres scènes toujours marquées par le même schéma. Un bonheur interdit, l’interdit contournée, le bonheur puis le malheur, la mort et la séparation en vue d’une retrouvaille.
Et finalement un réveil. Brusque et difficile. Sa douce est là, près d’elle et son bras semble inopérant pour l’heure.
De longues discussions sur ce qui s’est passé, sur la mort de la tribu, de leur enfant. De longues crises de pleurs, d’envie de se donner la mort, de se sentir déjà morte de l’intérieur.
Puis vient à Ylva de raconter ce qu’elle a vu, ce qu’elle est normalement impossible de réaliser en tant que demi-elfe et qui surprend Auria. Une longue écoute, et une longue analyse des souvenirs, de la sagesse d’un temps révolu puis finalement des décisions sont prises.
Décision de se séparer un temps. Pour l’une et pour l’autre de trouver des informations de par les contes, les histoires et les traditions sur cet avatar qui a brisé leur vie. De trouver quel Dieu s’est abrogé de sa position stellaire pour venir les punir, les meurtrir au plus haut point en leur for intérieur mais surtout se faire deux tenaces ennemies.
Les adieux sont longs, mais porteur d’un nouvel objectif. Celui de s’offrir des retrouvailles sanglantes et vengeresses, d’offrir vendetta à leur tribu ainsi qu’à leur fils assassiné.
Depuis qu’elles se sont séparées, pèse sur Ylva l’impression qu’on l’observe, qu’un ange gardien s’est laissé attirer par ses actes, ses exactions et la suit désormais. Un ange gardien qu’elle comprend comme n’étant rien d’autre qu’une partie de sa douce avec qui elle a traversé toute sa vie, s’imprégnant d’une partie d’elle de façon un peu plus magique qu’elle ne l’aurait pensé mais sans jamais savoir pourquoi ni comment. |
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